«  Donnez moi un C !
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GO COUGARS ! »

« - Bonjour, bonjour, ici Sam Jackson en direct de notre merveilleux terrain de football américain où se joue la finale de l'état du Colorado. Aujourd'hui nous allons assister à un match qui restera dans la légende comme celui où les cougars ont remporté leur 6e titre consécutif dans ce championnat.
Nos joueurs entrent sur le terrain, je vais essayer d'intercepter notre quaterback vedette Tom Armstrong. Tom comment vous sentez vous avant ce match ?
- Je me sens d'humeur à foutre des claques à un geek !
- Outch, merci Tom. On voit bien que le potentiel intellectuel de la famille Armstrong en a épargné certain. Demandons donc à Matt Armstrong, son grand frère, capitaine de cette équipe qui est également premier de sa promotion . Matt, comment envisagez vous le match à venir ?
- Je pense qu'on a les moyens de réussir, ça va etre difficile mais on a jamais eu une meilleure équipe. Et nos cheerleaders sont là pour nous soutenir en plus !
- Merci Matt. Allons d'ailleurs faire un tour du coté des pompom girls. Comme vous le savez tous, la capitaine des cheerleaders, Mandy Lane est également la petite amie de Matt et la co-capitaine sa soeur !! Si ça ce n'est pas de la consanguinité...! Aoutch. Mandy, avez vous prévu quelque chose pour ce match si spécial ?
- Oui, nous allons les encourager de tous nos coeurs et le public aussi ! De plus nous avons travaillé sur un enchainement spécialement pour aujourd'hui.
- Merci Mandy. Ah, mais qui vois-je, venir vers moi, n'est-ce pas David X ? Bonsoir David, que prévoyez vous de faire ce soir ?
- En fait, là tout de suite, je ne prévois que d'embrasser ma petite amie.
- Hmm, intéressant projet, beaucoup aimerait en faire autant et embrasser la belle Gina... L'unique fille Armstrong, gardée par ses cerbères de frères en fait rever plus d'un. Et les frères Armstrong plus d'une ! Toi, Jenny, auquel des 4 frères va ta préference ?
- Hmm, j'aime beaucoup le beau Jack, bien qu'il soit parti dans la ville des anges l'année derniere. J'aime les vrais homme...!
- Hum. Merci Jenny. Ah, je vois, l'arbitre s'avancer, le match va commencer ! Moi et Jenny vous le commenterons pour notre splendide chaine lycéenne. »

*

- Vous avez entendu la rumeur ? Il paraitrait que Gina Armstrong serait lesbienne !
- Quoi ? Je te crois paaaas ! Gina ? Mais elle sortait pas avec David X. ?
- Sii, mais elle l'a largué le mois dernier ! Qui larguerait David, à part une lesbienne ?
- Waaa, je m'en serais jamais douté, une cheerleader comme elle et surtout avec la famille qu'elle a...! C'est pas comme si elle avait eu des problèmes dans sa vie ! Tu sais ce qui a déclenché ça ? J'ai pas envie que ça m'arrive à moi, ce genre de merde.
- C'est à cause de la nouvelle, tu sais, Sophia jesaisplusquoi ! Moi qui pensais qu'elle allait tous nous piquer nos mecs, j'ai même dû demander à Craig d'arrêter de mater son cul, tu y crois à ça ? Finalement elle joue pour l'autre bord. Ça m'étonne qu'à moitié, j'ai bien vu qu'elle avait l'air bizarre, de toute façon, je l'ai jamais aimé.
- En plus, t'as vu sa façon de s'habiller ? Tellement vulgaire ! Je comprends pas ce qui m'a prit d'acheter le même sac qu'elle d'ailleurs.
- Surement que tu l'avais vu avant elle et qu'elle a voulut te copier ! Bref, il paraitrait qu'elles ont commencé à trainer ensemble parce qu'elles étaient partenaires en chimie. On m'a raconté que Sophia devait passer chez elle, chercher des infos et qu'elles sont restées touute la soirée ensemble, enfermée dans la chambre de Gina à écouter de la musique à fond. Même pas de la bonne musique en plus... un truc qui s'appelle Led Zeppelin, je crois bien. Tu crois que c'est là que ça a commencé ?
- Possible. Les lesbiennes sont des filles faciles, tout le monde le sait. Dire que Tom draguait Sophia !! Si il avait su qu'elle finirait par se taper sa sœur !
- Aha, c'est vrai ! N'empêche, je sais pas comment on a pu ne pas deviner avant. C'est vrai que c'était suspect que Gina traine tout le temps avec cette cinglée.
- Pas faux. D'ailleurs, comment t'as su ?
- Tu me croiras jamais si je te dis que c'est Mandy elle même qui me l'a raconté ! Gina est venue la voir pour lui avouer et Mandy est tout de suite venue me le dire. Elle dit que Gina l'a dégoûte et je la comprend. Dire qu'elles se connaissent depuis le bac à sable, jamais elle n'aurait pu se douter que sa meilleure amie était... comme ça ! Moi non plus d'ailleurs. Ils formaient le deuxième couple le plus parfait du lycée avec David, juste après Matt et Mandy. Je me demande comment il va réagir d'ailleurs, en sachant que Gina l'a quitté pour une fille ! Le pauvre.
- Avec un peu de chance, il voudra se faire consoler ! Et je serais juste là pour lui et pour ses abdos !
- Vilaine ! Mais c'est vrai que si j'avais pas Craig... miam.
- En tout cas, y a plutôt intérêt à ce que Gina s'assoie plus à notre table, maintenant. On veut pas de lesbienne dégénérée dans notre groupe. Mandy la virera surement des cheerleaders aussi.
- Surement. En plus, il paraitrait que Sophia avait déjà eu un probleme de ce genre dans son ancien lycée, c'est pour ça que sa famille a déménagé. Apparement ils se sont enfin décidés à l'envoyer dans un institut spécialisé pour les personnes comme ça. S'ils avaient agi plus tôt, peut être que Gina serait toujours elle même. Parents irresponsables. J'espère que les Armstrong vont pas accepter ça dans leur maison.
- Les pauvres garçons, elle a completement terni leur réputation. Mais vu leur physique, comme David, ils trouveront tous une épaule sur laquelle pleurer et se plaindre de leur soeur cinglée.
- Tu m'étonnes.

*

Extraits du journal de Gina Armstrong:


San Luis, mardi 17 juin

Et c'est ainsi que la vie de Gina Charlie Armstrong bascula. Ça fait longtemps que j'ai pas écrit dans ce journal. Les images de poneys sur la couverture peut être... Mais je dois bien avouer que je manque un peu d'amis en ce moment et j'ai besoin de balancer tout ça. Une oreille, du papier, je commence à me dire que ça se vaut. J'ai passé ma dernière année de secondaire en enfer. Moqueries, humiliations quotidiennes, isolement... Le pied. Le pire je crois que c'est à la maison. On se tait quand j'entre dans la pièce, sauf peut être Tom qui laisse toujours échapper un petit commentaire salé. Toujours un truc agréable. La meilleure année de ma vie. Mandy devient mon tortionnaire, Sophia est parti pour le new jersey, dans son institut de redressement, mes frères ne m'adressent plus la parole si ce n'est pour me cracher des insultes au visage, pareil pour David. Je me suis fait virée des cheerleaders, plus personne n'ose m'approcher, comme si j'étais contagieuse, on me renverse régulièrement diverses substances dont je ne veux même pas connaître l'origine... Le dégout sur leurs visages fait mal. Vraiment mal. Mais je m'en fous. Du moins j'essaye. J'aime les filles. Ça m'apparait comme une évidence maintenant, ça a pas toujours été le cas. Et j'en ai marre de mentir, aux autres comme à moi même. Alors oui, faites passez le mot : Gina Armstrong est lesbienne.
Au moins, ça m'a permis de découvrir le vrai visage de certaines personnes. J'ai toujours su que Tom était un gros débile mais je pensais pas ça de Matt ou de Mandy, encore moins de David. Et de mes parents. Mon père détourne le regard, gêné, dès que j'apparais dans son champ de vision et ma mère... Elle fait comme si tout allait bien, comme si rien ne s'était passé, elle me présente aux fils de ses amies et me parle encore de David... Dès qu'on parle du « petit problème hormonal », comme elle l'appelle, elle change de sujet aussi rapidement que la faim se jetant sur le monde. J'ai beau faire comme si j'en avait rien à foutre, je peux pas nier que parfois, ça me pèse.
Dans une semaine, je suis diplômée. Wouhoou ! Y a un an, ça aurait été synonyme de fête géniale, d'alcool et de garçons. Mais là, maintenant, c'est juste le symbole de ma liberté à venir. Je m'en vais. J'ai déjà fait mes bagages et retirés l'argent de mon compte en banque. Prochaine destination : New York City. Me perdre dans la foule, enfin. Me faire oublier au milieu de la multitude. C'est tout ce que je demande. Je trouverais un appart, un boulot. La seule personne qui me manquera, ce sera mon grand père. C'est bien le seul à encore m'adresser la parole, le seul qui m'a demandé comment je me sentais. Mais il comprend. San Luis, Colorado, aurevoir. Et je t'emmerde aussi.



New York, Lundi 3 octobre

J'ai un job !! Je commençais à me dire que je pourrais pas garder mon appart longtemps mais finalement... Je sais bien qu'il est pas grand, mal isolé et bruyant mais c'est chez moi. Mon chez moi. Mon boulot de barmaid le soir suffisait pas à payer mon loyer mais ce nouveau boulot ajouté, je pourrais même me faire un petit cadeau chaque mois. Peut être un tatouage ? Ça me tente bien.
Sur ce coup là, j'ai eu beaucoup de chance. Je sais pas trop comment je me suis retrouvée dans cette rue de Greenwich Village, je crois qu'en fait je faisais pas vraiment attention, perdue dans des pensées surement pas très profondes... Quand je relève les yeux, je vois ce magasin qui ressemble juste à un bordel sans nom. Je sais pas pourquoi mais je l'ai de suite adoré. Je vais voir d'un peu plus près, blousons en cuir, leggins troués, semelles compensées à l'extrême, T-shirts déchirés... Pas vraiment mon genre mais j'aime bien. Quand je rentre, le rangement s'améliore pas mais c'est tellement en accord. En accord avec quoi ? Aucune idée. Je fouill un peu dans les vagues rayonnages quand j'entend des gens s'engueuler dans l'arrière boutique. Deux filles. Visiblement, la plus petite des deux est la patronne du magasin et l'autre sa vendeuse... Ça gueule fort, je sais que c'est mal mais je peux pas m'empêcher d'écouter (la curiosité, c'est maaaal !!). Une histoire classique de vendeuse qui passe sa vie au téléphone, pique de temps en temps dans la caisse... Même pas passionnant (toute distraction est bonne à prendre). La fille se fait virer et la femme finit par se tourner vers moi, tellement énervée qu'elle me fusille du regard. Oups. Malgré ça, je dois avouer qu'elle est agréable à regarder... Miam. Elle vient de perdre sa vendeuse et je suis juste là... Je me rends bien compte que c'est une occasion à pas manquer. Alors je m'approche. « Vous cherchez une nouvelle vendeuse à ce que j'ai cru comprendre ? J'ai pas d'amis à appeler et je détesterais qu'on me pique mon fric donc j'évite de le faire à d'autres, ça vous intéresse ? » je lui dis. Faut croire qu'elle a apprécié mon « culot » qui était plus désespéré qu'autre chose. Faut que je paye mon loyer à la fin de la semaine. Elle m'a embauché. Elle a fini par se calmer un peu et j'ai bien vu à son regard qu'elle me trouvait aussi à son goût... intéressant. Elle, c'est Iris.
Je commence demain, à 11h. Tant mieux, ça me laissera un peu le temps de dormir, mon service au pub fini à 2h. Ça va être blindé mais si je veux vivre correctement, j'ai pas le choix. En plus, je sens que je vais aimer ce boulot. Une simple impression, basée sur rien de particulier... On verra bien demain.



3 ans plus tard.

New York, Vendredi 2 mars

Grand père est mort. Putain, il est mort. Qu'est ce qui m'a pris de ne pas aller le voir, ces trois dernières années ? Je le sais très bien au fond... ouais. Je suis juste une putain de froussarde. Trop peur de m'approcher d'eux, trop peur d'avoir des nouvelles, trop peur des souvenirs. FROUSSARDE ! Je me mettrais bien des claques si j'étais pas en larmes roulée en boule sur mon canapé... boulet. J'ai pris un congé. Je sais pas trop ce qui va se passer maintenant. C'est le notaire qui m'a appelé pour me prévenir... Il était étonné que je ne sois pas au courant. Ha ! Même la mort de mon grand père. Je savais qu'ils me haïssaient mais je ne pensais pas à ce point. Je ne pourrais pas être à l'enterrement. J'ai appris que DYLAN/JACK serait là. Il est pas revenu depuis un sacré moment. Je suis sure que maman lui a jamais dit pour moi, pour « pas l'inquiéter ». Connasse.
Si j'y vais, je sais qu'elle me demandera de partir et j'ai pas envie que son enterrement devienne le lieu d'un règlement de compte destructeur. Je n'irais pas. Je n'irais pas à l'enterrement de la seule personne de la famille Armstrong à qui je parle encore.
Le notaire m'a dit que la lecture du testament avait été faite. Visiblement, grand père leur a pas laissé grand chose, c'est mal mais j'avoue que j'ai rit, entre les larmes, en imaginant ce vieux bonhomme qui râlait tout le temps dans sa barbe déshériter presque entièrement ses enfants. DYLAN/JACK a eu une bonne somme d'argent et la vieille moto de grand père qui ne roulait plus depuis un sacré bout de temps mais je suis sure qu'il arrivera à la réparer. Papa n'a rien eu, Matt un petit pécule mais pas vraiment conséquent, Tom encore moins, même s'il a eu droit un à petit mot sur le fait qu'il devrait se faire implanter un cerveau, et KYLE/IAN a également eu un peu d'argent mis sur un compte spécialement pour ses études.
Et il y a moi. Je suis désormais l'heureuse propriétaire d'une maison coloniale à San Luis. Et d'un joli pécule qu'il me demande d'utiliser pour reprendre mes études, moi qui ai toujours été la plus intelligente de la famille... Quand le notaire me l'a lu au téléphone, j'ai pas pu m'empêcher d'éclater de rire au milieu de mes larmes en imaginant les visages des membres de ma famille en entendant ça... C'est d'ailleurs surement pour ça qu'il l'a...pardon, l'avait écrit. Parler de lui au passé me fait réaliser qu'il est vraiment parti. Moi qui pensait qu'il nous survivrait tous... Il paraît donc que je vais reprendre mes études... ouais, pourquoi pas. Quand j'étais encore Gina Armstrong la cheerleader, celle dont j'évite désormais de parler à mes amis sous peine de fou rire général, j'avais posé ma candidature à Columbia... j'étais acceptée. Mais quand vos parents vous annoncent qu'ils ne paieront pas vos études tant que vous ne serez pas revenu « in the good way », dans le droit chemin, vous renoncez vite... Columbia donc... Je vais devoir prévenir Iris qu'il faudra réduire mes heures de boulot au magasin... Elle va râler mais elle s'en remettra. Surtout si je lui propose un petit passage dans mon lit...


New York, Lundi 4 septembre

Aujourd'hui, c'était la rentrée à Columbia. Visite du campus, présentation du programme, bref que des trucs passionnant. J'étais en train de me dire qu'une journée à la boutique m'aurait moins faire perdre mon temps quand j'ai aperçus David. Pour le coup, mon envie de rejoindre le magasin d'Iris a sacrément augmentée... Il m'a vu aussi et il a eu la décence d'avoir l'air gêné. Tu m'étonnes. Il s'est pas approché et d'une certaine manière je l'en remercie, parce que j'ai aucune idée de la manière dont j'aurais réagis... J'ai bien changé depuis la dernière fois qu'on s'est vu mais j'arrive quand même pas à oublier sa trahison. Je sais pas si je l'oublierais un jour. La colère que je ressens envers lui et presque au même niveau que celle que je ressens envers ma famille. Parce qu'il en faisait presque parti. Il a été mon premier ami, avec Mandy et on s'est mis ensemble alors qu'on avait 15 ans. Mon meilleur ami, mon premier. Ouais...
Sur le coup, ça m'a un peu remué de le voir là et pendant 5 secondes, j'ai pensé à me barrer pour ne plus jamais revenir sur le campus. Mais j'ai changé. Et je crois que je suis plutôt fière de ce que je suis devenue. Si ça l'emmerde de me voir, tant mieux, le plaisir sadique que ça me fait ressentir vaut tout l'or du monde. Je me suis retrouvée à la traine du groupe, perdue dans mes pensées et un peu dans mes souvenirs. Je me suis retrouvée au niveau d'une fille blonde complètement décoiffée qui avait l'air aussi passionnée que moi par cette visite guidée. Elle porte un badge sur son pull qui dit qu'elle est en 2e année et qu'elle a été recrutée pour cette visite, mais vu sa tête, c'était pas vraiment de son plein gré. Quand elle me voit, elle relève la tête, simule un sourire et commence à me parler de l'architecture de l'université qui est MA-GNI-FIQUE avec un léger accent canadien. J'avoue que ça m'a fait sourire. J'ai fini par lui dire d'arrêter son speech, que ça me passionnait autant qu'elle alors elle a arrêté et on s'est un peu baladé dans le campus en discutant un peu. J'ai appris qu'elle aimait à la folie le canada et qu'elle montait une équipe de football américain. Une équipe féminine. Une fille sympa en soit.
Depuis que je suis rentrée, j'arrive pas à me sortir cette idée d'équipe de foot de la tête. Le football, j'en fais depuis que j'ai 5 ans dans le jardin avec mes frères. Et j'adore ça. Et une équipe féminine... j'avoue que ça me tenterait bien. On verra bien.