Interview

✈ QUELLE EST LA DIFFÉRENCE MAJEURE ENTRE NEW-YORK CITY ET LOS ANGELES POUR TOI ? Tout. Tout est différent. Le temps, l'état d'esprit, la ville elle-même, les gens. On pourrait difficilement croire qu'on est dans le même pays. J'aime l'architecture de New-York, le soleil de Los Angeles, tout comme je déteste les gens qui marchent à cent à l'heure à Manhattan et l'insécurité qui règne dans bon nombre de quartiers de la Cité des Anges la nuit. Toute une multitude de petites choses qui font que je ne pourrais jamais dire laquelle des deux je préfère.

✈ SI TU N'AVAIS PLUS QU'UNE HEURE A VIVRE QUE FERAIS-TU ? Hum... difficile à dire. Après tout, on a tous un idéal, on espère qu'on dira des choses belles, justes, droites à tous ceux qu'on aime, tout en ne paniquant pas et sans tomber dans le mélo-dramatique. Je dirais à ceux qui comptent pour moi que je les aime et puis je dirais à Allen qu'il faut qu'il arrête d'être aussi nerveux sinon il risquerait de se mettre bien des personnes à dos. Après, ça passe vite une heure donc une fois que j'aurais fait tout ça, je risque fort d'en avoir fini.

✈ UN PETIT TRUC QUAND T'AS LE MORAL EN VRAC ? Quand ça va pas, il faut toujours que je trouve un moyen de m'occuper. Si je suis au travail, je fais des heures sup' ou saute le déjeuner. Si je suis à la maison, je vais courir ou bien je cuisine comme si j'invitais dix personnes à dîner le soir. Ce que je préfère, c'est encore quand ma fille est là, qu'elle me demande pourquoi je suis triste avant de me dire que ce n'est pas grave. A chaque fois, ça me redonne le sourire quand je vais mal.

✈ LA CHOSE QUI TE FAIT VIBRER ? Ma fille, sans aucun doute. Avant, j'aurais sans doute répondu mon travail, car c'est vrai que je m'épanouis dans ce que je fais. Je me suis toujours refusée à être attachée à une personne au point d'en faire une ou ma raison de vivre. Pour moi, ça allait à l'encontre de l'indépendance que je voulais garder. Je n'ai jamais été du genre à me morfondre des jours après une rupture, j'ai toujours pu imaginer ma vie sans l'homme que j'aimais. Mais sans ma fille, ça coince. Et je comprends parfaitement quand on dit qu'on ferait tout pour ses enfants.

✈ OU AIMES-TU PASSER TES VACANCES ? J'ai toujours adoré l'Italie, où j'ai pu aller quelque fois, enfant. Cela dit, je n'y suis pas retourné depuis... un bon moment en fait ! J'ai passé un été au Canada et j'ai réellement apprécié. J'y suis retourné avec Mark en vacances. Il y a encore pas mal d'endroits où j'aimerais aller : en Argentine, en France, en Australie ou encore en Nouvelle-Zélande. En fait, je crois que j'aime voir de nouveaux endroits, découvrir d'autres choses.

✈ QUEL EST L'ENDROIT OU TU TE SENS LE PLUS EN SÉCURITÉ ? Je pense bien que c'est chez moi. Que le jardin soit grillagé, que la maison soit équipée d'un système d'alarme dernier cri ou que la police patrouille dans le quartier ne sont pas spécialement ce qui me fait me sentir en sécurité. C'est plutôt un sentiment indescriptible, peut-être parce que je me sens chez moi. Ça, ou, de plus en plus, quand je suis avec lui. Quelque part, ça m'effraie.

the last road to LA

"Non, je veux pas !"
Une fois de plus, Jamie refusait de faire ce que sa mère lui demandait. Cette fois-ci, il s'agissait de monter dans la voiture pour aller faire des courses. Son frère aîné, Allen, avait obéi bien sagement alors qu'elle tapait du pied, expliquant qu'elle n'avait pas envie d'y aller :
"Je veux rester jouer ici, moi."
Maya était à bout ; elle avait beau hurler sur sa fille comme elle le voulait, elle ne l'écoutait jamais. Elle avait presque envie de s'arracher les cheveux. Finalement, aujourd'hui, trop fatiguée, elle décida d'opter pour la facilité et haussa les épaules en lançant :
"Très bien, reste ici si ça t'amuse. Allen et moi, on va chercher un cadeau pour ton père."
La gamine eut une légère moue et croisa les bras. Voyant sa mère monter dans la voiture, elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Finalement, alors que le moteur démarrait pour descendre l'allée, elle hurla :
"MAMAAAAANNN. Attends-moi !"
La voiture s'arrêta aussitôt alors que Jamie courait vers celle-ci. Maya baissa la vitre en disant :
"Monte, allez."
La fillette ouvrit la portière et prit place à côté de son frère alors qu'à l'avant, la voix de sa mère disait :
"Et n'oublie pas d'attacher ta ceinture !"
Elle s'exécuta, craignant quelque part que sa mère ne change d'avis. Elle se tourna vers Allen qui la regardait d'un air las et se contenta de lui tirer la langue. La seule chose qu'elle voulait, c'était trouver un beau cadeau à son père ; et qu'il sache surtout qu'elle l'avait choisi.

◊ • ◊ • ◊ • ◊ • ◊ • ◊

"Allen !"
La jeune fille sourit en voyant son frère et l'embrassa sur la joue. Depuis qu'il était entré à l'Université, ils ne se voyaient que peu... alors qu'ils commençaient tout juste à bien s'entendre ! Elle lui demanda comment il allait, et comment allait Espéranza. Si leur couple pour le moins original avait beaucoup fait parler dans leur entourage, Jamie avait toujours trouvé qu'ils se complétaient en un sens. Et puis, même si leur couple n'était pas forcément destiné à durer, elle les avait toujours trouvés touchants ensemble. Après quelques mots, elle lui demanda simplement :
"Qu'est-ce que tu fais là, au fait ?"
Elle rentrait tout juste de cours et ne s'attendait pas en fait à le voir ici. Il venait d'habitude dîner à la maison une fois par semaine ; mais passer à l'improviste en plein après-midi n'était pas franchement son genre. Allen fronça les sourcils et lança :
"Je croyais que tu savais. Papa veut nous parler de sa boîte. Il ne t'a pas dit ?
- Non. Il sait ce que j'en pense, d'ailleurs."
Elle croisa les bras, signe qu'elle se braquait et qu'il valait mieux arrêter d'en discuter. Elle avait tout juste quatorze ans mais elle était sure d'une chose : elle ne voulait pas reprendre l'entreprise de son père. C'était sûrement un de ses caprices habituels, doublé d'un désir de rébellion par rapport à son père, mais pour l'instant, elle ne voulait pas en entendre parler. Ni de la bouche de son père, ni de celle d'un quelconque intermédiaire comme son frère en cet instant. Elle avait du mal avec la façon de faire de son père, ces derniers temps, et ça ne faisait que la conforter dans son opinion. Allen glissa tout de même un :
"Allons, fais-lui plaisir, laisse-lui t'en parler. T'as encore le temps d'y réfléchir, t'es jeune...
- Ouais. Il espère juste qu'il réussira plus facilement à me convaincre si t'es là..." lâcha-t-elle sur un ton sarcastique.
Elle croisa le regard de son frère et finit par soupirer en haussant les épaules.
"J'irai, si ça peut vous faire plaisir..."
Allen sourit légèrement, comme rassuré à cette nouvelle. Elle l'était beaucoup moins par cette perspective, parce qu'elle savait que la discussion finirait certainement mal. A croire qu'il fallait toujours un prétexte pour qu'on hurle dans cette maison !

◊ • ◊ • ◊ • ◊ • ◊ • ◊

Jamie poussa la porte et fronça légèrement les sourcils en entendant des bruits de conversation. Il était dix heures du soir passés et ce n'était pas dans les habitudes de ses parents de rester des heures à table. D'aussi loin qu'elle le sache, rien n'était prévu ce soir ; sinon, de toute façon, ils l'auraient déjà harcelée de coups de fil parce qu'elle n'était pas là. Elle entendit la voix de sa mère l'appeler dès que la porte se referma derrière elle :
"Jamie, c'est toi ?"
La jeune fille marmonna légèrement. Quelle question stupide ! Si c'était un cambrioleur ou un autre truc sordide, il n'allait certainement pas se présenter suite à une telle question. Enfin, elle se décida à répliquer :
"Oui. Tu veux que ce soit qui d'autre ?"
Elle allait monter à l'étage pour rejoindre sa chambre quand sa mère surgit de la salle à manger, tout sourire pour lancer :
"Ne sois pas malpolie. Viens dire bonjour à notre invité !"
La jeune blonde soupira légèrement. Elle était certaine qu'à tous les coups, c'était encore un des associés de son père, et qu'elle ne le connaissait même pas. Il la présenterait comme sa fille, future directrice elle aussi du Sloan Group et bla bla bla. Elle suivit toutefois sa mère sans broncher, ne voulant pas qu'on puisse lui reprocher une quelconque impolitesse. Jamie s'attendait tellement à se retrouver face à un vieux fossile quelconque qu'elle fut si surprise de voir un homme d'à peu près son âge qu'elle resta à le fixer sans un mot. Il ne put s'empêcher de sourire de son côté, apparemment à la fois ravi et gêné par l'effet qu'il venait de produire sur elle. Finalement, ce fut la voix de son père qui rompit le silence :
"Voici Jamie. Tu dois sûrement te souvenir d'elle."
Le jeune homme en question arqua un sourcil, signifiant par là que oui, il se souvenait d'elle. Jamie, elle, était confuse. Elle fronça les sourcils et tourna les yeux vers son père qui sourit en lançant :
"C'est Mark. Mark Spencer. Tu te souviens, il venait souvent quand il était gosse. Il avait déménagé et le voici de retour à LA pour ses études !"
Il enchaîna avec une tape amicale sur l'épaule du-dit Mark. La jeune fille, elle, affichait un sourire légèrement coincé ; elle se souvenait de lui, oui. Et surtout des crasses qu'elle avait pu lui faire, gamine. La soirée promettait d'être intéressante !

◊ • ◊ • ◊ • ◊ • ◊ • ◊

Jamie avait les pieds dans l'eau de la piscine qui se trouvait derrière la maison parentale. Elle entendit des bruits de pas derrière elle. Elle se retourna et sourit en voyant Mark qui la rejoignait. Il s'assit à ses côtés. Bizarrement, il venait de plus en plus souvent chez eux et ce n'était pas pour lui déplaire. Après quelques secondes de silence, la jeune femme lança :
"Comment se passent tes études ?"
Il faisait médecine. Son père ne tarissait pas d'éloge à ce sujet. Il sourit et porta la bière qu'il tenait dans la main à sa bouche. Après avoir bu une gorgée, il répondit :
"Ça va. Et toi ? Le lycée ? J'ai appris que tu t'étais séparée de ton copain... Ta mère avait l'air contente de ça."
Jamie eut une légère moue. Ça, ça ne l'étonnait pas que sa mère se soit réjouie du fait qu'elle ait quitté le prénommé Chase, capitaine de l'équipe de foot bête comme ses pieds. Elle sourit en haussant les épaules :
"Bah. Je ne sais toujours pas s'il savait vraiment lire. C'était marrant pendant un temps mais bon. Ce qui me dégoûte le plus, c'est que ce soit lui qui m'ait quittée..."
Elle fixa Mark. Ça n'avait pas l'air de le faire rire, la façon dont elle parlait parfois de ses relations. Au fond, pour elle, c'était un moyen comme un autre de se protéger et nier le fait qu'elle s'attachait à ses relations, même si elles ne duraient que quelques semaines. Après un silence qui la mit mal à l'aise, il lui tendit sa bière en lançant :
"Arrête de prétendre que t'es plus forte que ce que t'es. Ça te va pas."
Elle fit une légère moue et attrapa la bouteille qu'il lui tendait pour en boire une gorgée. Puis elle tenta de rebondir en lâchant :
"Tu te souviens quand tu m'avais poussée dans la piscine ? Ma mère était à deux doigts de la syncope, elle était sure que j'allais me noyer...
- Oh oui... Mais il faut dire que tu t'étais démerdée pour foutre mon ours préféré sur le toit de la baraque.
- Han, j'ai fait ça ? Je me souvenais pas. Quelle peste j'étais !"
Elle sourit légèrement alors que lui haussait les sourcils, comme pour affirmer ce qu'elle disait. Jamie grimaça et le bouscula légèrement en lançant :
"Allez, j'étais pas si terrible que ça !
- Oulah, c'est toi qui le dis !"
Il grimaça volontairement avant d'ajouter, plus sérieusement :
"Mais si ça peut te rassurer, tu as bien changé... En bien."
Elle lui adressa une légère moue en répliquant :
"Quel baratineur. Je t'en prie..."
Elle croisa son regard et rougit aussitôt. La jeune femme tourna la tête presque immédiatement, bien décidée à couper court cette discussion qui prenait une tournure embarrassante. Les yeux rivés sur ses pieds, Jamie espérait qu'il change de sujet. Ou mieux, qu'il s'en aille, prétendant devoir faire quelque chose d'important. Elle le sentit alors glisser sa main sur la sienne et frissonna. Elle se tourna vers lui et, le cœur battant, lui sourit timidement alors qu'il passait une mèche derrière son oreille. Et puis, sans prévenir, il l'embrassa.

◊ • ◊ • ◊ • ◊ • ◊ • ◊

"Je te l'ai déjà dit, je ne veux pas que mes parents soient au courant qu'on se voit !"
Mark soupira. Il devait en avoir marre de devoir la voir en cachette, la saluer froidement quand elle estimait qu'il le fallait. Jamie décidait de tout et ne se rendait pas compte que son égoïsme le fatiguait sérieusement. Ils avaient déjà rompu une fois à cause de cela et semblaient se diriger vers le même chemin. Pour recoller les morceaux, elle avait accepté d'en parler à son frère, en qui elle avait confiance. Mais là, la jeune femme ne savait pas quoi lui donner pour le satisfaire ; elle avait l'impression que rien ne le contenterait ce soir. Ils étaient dans sa chambre d'étudiant et la conversation s'était envenimée quand il lui avait proposée de se rendre avec lui à l'anniversaire de son père.
"Arrête Jamie, je te parle de rencontrer mes parents. Tu te démerdes avec les tiens !
- Parce que tu crois qu'ils tiendraient leur langue ? Je suis sure qu'ils se précipiteraient sur le téléphone pour partager la bonne nouvelle et se réjouir de préparer notre avenir.
- Mais tu délires, Jamie. A croire que t'as honte de moi, plutôt ! Tu te trouves toujours des excuses pour fuir et ça marche pas comme ça une relation..."
Il se leva, signe qu'il ne voulait pas poursuivre cette conversation plus longtemps. Il faisait toujours ça, comme si sa parole était suprême et que Jamie n'avait pas son mot à dire. Elle se leva à son tour et le suivit en lançant :
"Ah ouais ? Parce que ta façon de faire est mieux peut-être ? Avec toi, j'ai l'impression que rien de ce que je fais ne va. Et tu sais quoi ? J'en ai marre !"
La jeune femme attrapa son sac et sa veste sans lui laisser le temps de répliquer. Elle était bien trop énervée pour penser à autre chose que se barrer d'ici et ne plus le voir. Sans un mot, elle claqua la porte. Ce n'est qu'une fois dehors que Jamie sembla réaliser ce qu'elle avait fait et sentit les larmes lui monter aux yeux. Quelle conne, franchement. Elle l'aimait et la seule chose qu'elle arrivait à faire dès la première épreuve, c'était l'assaillir de reproches. Elle marcha un peu avant de sortir son téléphone portable et composer le numéro de son frère. Il répondit rapidement et entendre sa voix fit craquer Jamie qui articula avec difficulté :
"Allen... J'ai merdé. Encore."

◊ • ◊ • ◊ • ◊ • ◊ • ◊

Pour la énième fois, Jamie se demanda pourquoi elle avait accepté que Mark passe Thanksgiving avec eux. Depuis qu'elle avait parlé à ses parents de Mark, ils ne se tenaient plus. Elle avait dix-neuf ans et poursuivait des études pour reprendre l'entreprise de son père. Inutile de dire qu'il était aux anges et priait pour que sa fille fasse sa vie avec celui qu'il considérait déjà comme son fils. Il leur avait déjà proposé d'être caution pour un futur appartement avant de leur organiser des visites surprises, ce qui avait le don d'agacer la jeune femme. En fait, il voulait à tout prix caser sa fille chérie depuis que Allen avait divorcé ; à présent qu'il la savait avec Mark, loin de lui ficher la paix, il jouait presque les organisateurs de mariage.

Ce jour-là, l'apéritif traînait en longueur parce que le fils prodige n'était toujours pas arrivé. Pour distraire tout le monde, Maya avait jugé bon de sortir les albums photo et commença à feuilleter en commentant à outrance chaque cliché. Finalement, elle arriva à la partie consacrée au mariage de ses parents, c'est alors qu'elle prononça la phrase qui hanta Jamie pour le reste de la journée :
"Oh Aaron, lança-t-elle en se tournant vers son mari. La bague de ma grand-mère, tu t'en souviens ? Je suis sure qu'elle irait à merveille à Jamie. Pour quand vous vous marierez, ajouta-t-elle à l'adresse de Mark. Il faudrait que je la retrouve..."
Jamie donna un léger coup de pied à l'adresse de son petit-ami puis le fixa tout en le suppliant intérieurement de faire quelque chose. Il sourit légèrement face à son air paniqué avant de dire :
"Ne vous inquiétez pas. On n'a rien prévu de tel avant un moment !
- Oh ! Oui, bien sûr..." répliqua Maya d'un air malin.
Jamie, elle, croyait être coincée en plein cauchemar digne d'une série B à la con.

◊ • ◊ • ◊ • ◊ • ◊ • ◊

"Bon sang, Jamie. Tu es magnifique !"
Elle se tourna vers Allen et lui sourit avec difficulté. Heureusement qu'elle était magnifique, avec tout le fric que ses parents et ceux de Mark avaient mis dans le mariage ! Sans un mot, elle attrapa la main de son frère et l'entraîna un peu plus à l'écart, tout en vérifiant que sa mère et celle de Mark étaient bien occupées à discuter entre elles. Elle souffla alors :
"J'peux pas."
Il la fixa sans rien dire mais il avait l'air de tomber des nues. Elle poursuivit :
"Regarde-moi. J'ai 21 ans, bon dieu. J'ai pas envie de me réveiller un jour et de réaliser que j'ai fait une erreur. Regarde, toi et Espé, ça n'a pas marché. Et ça l'a dévastée et..."
Elle se tut et tourna la tête. Ça n'avait rien à voir avec Allen, Espéranza ni même ses parents qui s'étaient emparés de l'événement pour le transformer totalement. Après quelques secondes, elle lâcha :
"Et si j'étais en train de commettre une erreur ?"
Allen sourit et posa ses mains sur ses épaules. Il lui dit :
"Ecoute, Mark est génial et tu le sais. Il t'aime, tu l'aimes, ça crève les yeux. Ça ne peut pas être une erreur. Personne ne se sent prêt le jour de son mariage, tu sais."
Elle sourit légèrement en hochant la tête. Son frère ajouta alors en la prenant dans ses bras :
"Et puis si tu veux t'enfuir, un seul geste et je les retiens pendant que tu cours à l'aéroport."
Elle rit, bien plus rassurée qu'avant.

◊ • ◊ • ◊ • ◊ • ◊ • ◊

Elle avait retourné ça dans tous les sens toute la journée. Il n'y avait pas de doute, les analyses de sang confirmaient. Et puis, bon, elle était mariée à Mark depuis quelques années déjà, il n'y avait rien d'étonnant à cela. Son mari l'avait invitée au restaurant ce soir-là et elle arriva bien plus nerveuse que d'habitude au rendez-vous. Il ne s'étonnait pas franchement puisque, depuis que l'entreprise familiale allait mal, elle avait souvent l'esprit ailleurs. Il lui demanda soudainement, alors qu'il lisait la carte :
"Tu veux du vin ?"
Comme souvent, elle allait répondre que oui puis se ravisa au dernier moment en secouant la tête. A ce moment-là, Mark lui prit la main et demanda d'un air inquiet :
"Quelque chose ne va pas ? Tu n'as pas l'air dans ton assiette..."
Elle hésita un instant avant de lâcher :
"Je suis enceinte..."
Il la fixa, abasourdi avant de répondre :
"Quoi ? Mais c'est génial !
- Oui..." répondit-elle d'un air peu convaincu.
Mark la sonda un instant, cherchant à savoir ce qui clochait encore. Elle soupira finalement avant d'ajouter :
"C'est juste que ça tombe mal. On pense devoir licencier des agents et on n'est même pas sûrs qu'avec ça, la boîte tienne... Bref, je nous imagine mal avec un enfant si je suis au chômage."
Elle fronça légèrement les sourcils, consciente qu'elle avait l'air ingrate. La jeune femme se força à sourire tandis que lui répondait :
"Ecoute, quoiqu'il arrive, on s'en sortira, OK ?"
Jamie hocha timidement la tête. C'était facile à dire pour lui qui n'avait pas son père sur le dos ou des collaborateurs mécontents à gérer. Plus que le bébé, c'était le fait d'être enceinte et de devoir lever le pied qui la gênait. Elle aimait son boulot et s'imaginait mal y renoncer, même pour quelques semaines.

◊ • ◊ • ◊ • ◊ • ◊ • ◊

Jamie n'avait pas entendu son mari rentrer et elle ferma rapidement son ordinateur portable en le voyant passer le seuil de la porte. Mais c'était trop tard. Mark soupira en lâchant :
"Tu es censée te reposer..."
La jeune femme grimaça légèrement. Comme si c'était aussi simple. Elle n'était pas employée mais devait gérer la boîte qu'elle tenait avec son frère si elle ne voulait pas se retrouver au chômage. Alors, enceinte jusqu'au cou ou non, elle faisait le maximum pour ne pas être inutile. Ça agaçait tout le monde, son mari et son frère les premiers. Elle répondit simplement :
"Je sais..."
Ces quelques mots semblèrent étonner Mark qui se retourna aussi sec pour la fixer comme si elle était mourante. Il fronça les sourcils avant de rajouter, incertain :
"Mais ?"
Jamie eut un sourire peu assuré avant de continuer :
"Il n'y a pas de mais. Je sais que je devrais lever le pied, que Allen gère tout pour moi, que ça ne durera que quelques mois. Mais j'y arrive pas, c'est tout. Je suis une mauvaise mère avant même que le bébé soit là."
Il s'approcha d'elle pour s'asseoir à ses côtés. Il lui sourit avant de la prendre dans ses bras puis murmura :
"Ne t'inquiète pas. Je suis sûr que tu seras parfaite."
Bon dieu, ça sonnait tellement cliché mais ça faisait du bien, il fallait l'avouer.

◊ • ◊ • ◊ • ◊ • ◊ • ◊

Une fois de plus, Jamie se demanda ce qu'elle faisait là. Elle avait rencontré ce type à un vernissage où elle avait atterri par hasard. Ils avaient parlé, il était sympathique et lui avait proposé de boire un verre. Avouons-le, il lui plaisait et elle avait la désagréable impression qu'elle jouait avec le feu. Pourtant, ce n'était pas la première fois qu'elle prenait un café avec un homme qui n'était pas son mari ! Elle regarda sa montre ; il était encore temps pour elle de partir et prétexter un empêchement, au pire. Elle se mordilla légèrement la lèvre en réfléchissant à la situation. Une voix la sortit de ses pensées :
"Désolé, je suis en retard !"
Il s'assit en face d'elle et lui sourit. Son coeur manqua un bond et elle songea qu'il était bien trop séduisant pour qu'il soit raisonnable d'avoir accepté ce rendez-vous. Mais, elle y était donc il fallait assumer. Elle sourit en lui répondant :
"Oh, non, non. C'est moi qui étais bien en avance !"

Ils discutèrent pendant presque une heure. Il lui proposa de faire un bout de chemin ensemble. Jamie accepta ; elle aurait peut-être dû prendre un taxi, mais elle appréciait d'être avec lui. Ils avaient à peine fait quelques mètres que la pluie leur tomba dessus et ils furent rapidement trempés. C'est à ce moment-là qu'il lâcha :
"J'habite pas loin. On peut aller se sécher chez moi..."
Elle ne se fit pas prier et le suivit dans le loft où il vivait. Il lui proposa de prendre une douche alors qu'elle grelottait au milieu de son salon. Elle le suivit jusqu'à la salle de bains. Tout se passa très vite. En voulant lui tendre une serviette, il l'effleura et le contact l'électrisa. A vrai dire, elle serait incapable de dire qui a embrassé l'autre mais ça s'est passé et tout s'enchaîna. Lorsqu'il passa sa main dans son dos pour faire descendre la fermeture de sa robe, elle parvint à murmurer :
"Je suis mariée..."
Ce à quoi il répondit par un simple :
"Je sais."
Leurs lèvres se mêlèrent une nouvelle fois. Si elle avait voulu résister, elle aurait pu le faire une dizaine de fois déjà.

Ce qu'elle n'imaginait pas, alors, c'était que ça deviendrait une habitude et que ma culpabilité qu'elle ressentait s'effacerait peu à peu.

postscriptum.

Salut, moi c'est So-cherry ! Salut So-cherry *repris en coeur mode AA* Je suis là parce que j'aime pas LA ou NYC ; d'ailleurs je ne viendrai jamais sur ce fo' parce que je l'aime pas x)
Ahahahahah !