interview

✈ QUELLE EST LA DIFFÉRENCE MAJEURE ENTRE NEW-YORK CITY ET LOS ANGELES POUR TOI ? Los Angeles est baignée de soleil. Los Angeles est trop joyeuse. Elle t'oblige à vivre gaiement, à profiter de la vie, à vivre trop, à être extravagant, à t'assumer, à t'aimer. New York, c'est une ville quelconque à côté. On y rencontre des gens tout à fait banals. On y retrouve la grisaille, le calme, l'indifférence. New York c'est la ville par excellence où n'importe qui peut se fondre, pour vivre une vie des plus banale. Tout en vous permettant certaines exaltations, tout en vous faisant croire que vous pouvez être l'une de ces icônes new yorkaise. Mais, pour être honnête, Los Angeles restera toujours une ville merveilleuse et fantasmagorique pour moi. LA restera ma ville natale, ma ville. New York ne sera jamais qu'une ville étrangère, une ville qui sert d'échappatoire.

✈ SI TU N'AVAIS PLUS QU'UNE HEURE A VIVRE QUE FERAIS-TU ? Sincèrement, je n'en ai pas la moindre idée. Je n'y ai jamais réfléchi. Je suppose que j'en profiterais pour me prélasser, traîner dans mon appartement totalement dévêtu. Je fumerais huit cigarettes à la fois. Je déboucherais une bouteille de Jack que je m'enfilerais avec amour. Je me ferais un russe blanc, aussi. Je lancerais un vinyle quelconque pour servir de b.o à ma mort imminente. Et je finirais mes jours seules sur mon lit, à écouter de la vieille musique, à fumer comme un pompier et à boire beaucoup trop. Ou peut-être que je me mettrais au piano. Peut-être que cette dernière heure exaltera ma créativité...

✈ UN PETIT TRUC QUAND T'AS LE MORAL EN VRAC ? J'ai trop souvent le moral en vrac pour avoir des trucs qui m'aident. A la limite, le Prozac ou Vallium fonctionnent assez bien, je vous le conseille. Sauf si vous êtes assez costaud pour vous siffler avec moi quelques bouteilles. Je vous assure qu'à la troisième bouteille, le moral n'a plus beaucoup d'importance.

✈ LA CHOSE QUI TE FAIT VIBRER ? La musique. La vie. La musique, plutôt. Je vibre beaucoup. Je vibre devant un sac plastique qui virevolte dans les airs. Je pleurs devant le spectacle de la nature. Je vibre devant les petites choses sur lesquelles notre regard s'égare par erreur. Je vibre pour la vie. Je vibre pour les sciences, l'art, la gastronomie. Et puis par rien, aussi. Mais je suppose que la manière la plus simple de vous répondre, serait de vous dire que ce qui me fait vibrer réellement est la musique. Parce qu'après tout, c'est mon métier, c'est mon passe-temps principal. C'est ce qui me définit aux yeux des autres. Et je pourrais vous approfondir le cliché de la chanteuse absorbée par son art en vous expliquant à quel point je peux attacher de l'importance aux moindres bruits, aux moindres sons, à toutes les voix que j'entends. Je pourrais vous expliquer à quel point toutes ces sonorités que vous n'entendez pas ont une importance et une répercussion sur la jeune femme que je suis. Je pourrais vous expliquer comment je tombe amoureuse de la voix de certains hommes. Mais tout ça n'aurait pas le moindre intérêt pour vous.

✈ OU AIMES-TU PASSER TES VACANCES ? Ici ou ailleurs, qu'importe ? Ma vie entière est vacances. Je ne suis pas du genre à devoir fuir absolument mon quotidien pour comprendre que je suis en vacances. Je n'ai pas besoin de partir au soleil, sur les belles îles, pour me faire plaisir. Les vacances c'est partout et nulle part à la fois. Pendant les vacances, l'endroit n'a plus d'importance. J'aime les vacances indépendamment du lieu.

✈ QUEL EST L'ENDROIT OU TU TE SENS LE PLUS EN SÉCURITÉ ? Nulle part. Trop sensible. Un poil paranoïaque. Je suis à l'aise nulle part. Je ne me sens jamais en sécurité. Je suppose que l'endroit qui pourrait faire exception est ma chambre, ou mon salon. Mais le sentiment de sécurité ne fait jamais que m'effleurer.

the end

Juge, ma chère, combien je dois être affligé, puisque depuis longtemps je t'aime, étant très-logique ! En effet, voulant du Mal chercher la crème et n'aimer qu'un monstre parfait, vraiment oui! vieux monstre, je t'aime ! La tête penchée, le regard fixe, mes mains couraient les draps à la recherche de mes cigarettes. La douleur emprisonna rapidement mon corps. La peur glissa le long de mon échine, s'insinuant jusqu'à cette longue inspiration que je fis. L'air était oppressant. Tout cet air restreint s'emplissait peu à peu de nos volutes de fumées respectives ; comme pour mieux me sauter à la gorge, pour mieux s'accrocher à mon épiderme du bout de ses griffes acérées. Je restais silencieuse, presque arrogante dans mon étrange posture, assommée. Mon cœur était prêt à s'arrêter, à succomber à toute cette soudaine pression. Il perdait peu à peu sa raison, sa cadence, il s'envenimait au rythme des paroles qui me glissaient dessus, sans jamais véritablement m'atteindre. J'essayais d'étirer mes lèvres fines, j'essayais de faire réagir le moindre de mes sens, le moindre de mes muscles. Mais j'étais assommée. Tout ce peu de vitalité qui sommeillait en moi, qui avait bouillis soudainement dans mes veines trop fragiles, qui s'était insinué dans les moindres recoins de mon corps, de mon âme, depuis trop longtemps endormi ; toute cette vitalité disparaissait, glissait hors de moi. Tout cet élan de curiosité s'était finalement dissipé. En un éclair, foudroyant, électrisant – faisant se dresser peu à peu toute ma pilosité. Peu à peu, cette belle stature que je composais, s'ébranlait. Elle fondait, doucement, lentement. Je n'étais plus. Je disparaissais à l'instant où mes lèvres retombèrent en un faciès boudeur, au moment où mes yeux s'assombrirent, mimant mon inertie face au monde. Cette pièce enfumée semblait alors se resserrer peu à peu, se refermer sur moi, sur moi et sur l'espace temps – le ralentissant douloureusement, l'accélérant tout aussi perversement. J'aurais voulu pleurer. J'aurais voulu ressentir mes yeux douloureux. Prendre le temps de battre des paupières. Et soudainement, mon souffle reprit sa cadence, me déchirant la poitrine, me causant la plus grande peine. Soupirant, exultant, reprenant vie, je tentais de me raccrocher aux mots qui venait se heurter jusque moi. J'essayais de repousser par de vains soupirs, par quelques battements de cils emplis d'émotions ces sensations qui coulaient jusqu'à moi par flots violents. Ces sensations me déstabilisaient, m'ébranlaient, m'anéantissaient en se raccrochant à la moindre plaie sentimentale encore entrouverte. En l'espèce de quelques mots rattrapés comme des ricochets, une foule de souvenirs, d'imperfections bâillonnées, refaisaient surface. Ma sensibilité me poussait au bord de l'implosion. Me raccrochant aux draps froissés, je me redressais, m'appuyant contre le mur froid.

dis-moi que tu m'adores. Dis-moi que le monde tourne autour de moi. Que tu aimes mes cheveux, que tu aimes mon odeur de citron. Dis-moi que je suis belle. Dis-moi que tu m'aimes, encore. Dis-moi tout ça. Et je suis à toi. mes cils battaient furieusement, espérant se débarrasser du flot d'émotions qui m'empoisonnait. Mais ils ne pouvaient empêcher mon regard de se fixer sur cet homme. Je ne pouvais m'empêcher de tirer furieusement sur ma cigarette, me cachant rapidement sous un nuage de fumée, et de le fixer bêtement. Je regardais son dos remuer légèrement au rythme de son émotion. Je le regardais se crisper devant la fenêtre. Je le voyais osciller entre la rage et le dédain. J'avais envie de lui avouer ces quelques mots. J'avais envie de me lever, de courir me réfugier dans ses bras. Je voulais être humaine. Je voulais être assez naïve pour lui promettre mon amour. Je voulais être ce qu'il attendait de moi. je voulais être assez forte pour supporter ce genre de déclarations, ce genre de sentiments. je ne voulais pas le décevoir.

regarde-moi. regarde-moi et je suis à toi. Alors, j'ai rampé jusqu'au bord du lit, pour en descendre. j'ai enfilé une chemise qui se perdait dans les draps. j'ai glissé une main fine dans ma crinière, remontant mes cheveux dorés. j'ai oublié de fermer la chemise. j'ai faillis tomber à cause de mes jambes engourdi. et il ne s'est pas retourné. Alors j'ai passé mon bras sur ses épaules, je me suis blottit contre son corps si chaud. Et j'ai laissé mon regard se perdre sur l'horizon avant de plonger mes yeux dans les siens. dévore-moi, monstre hideux. et là, j'ai dis ce qu'il voulait entendre. j'ai joué la femme fatale jusqu'au bout. je l'ai laissé m'échapper. Et je suis retournée me coucher.

she's a mess

Mon rein, mon poumon, mon jarret ne me laissent plus rendre hommage à ce Seigneur, comme il faudrait. « Hélas! c'est vraiment bien dommage ! » disent mon rein et mon jarret. je soupire un nuage de fumée. personne n'a prêté attention à ce poème que je cite en murmurant. le regard embué se cachant derrière une paire de lunettes. je suis un fantôme.

pâle, cadavérique, je ne ressemble plus à la gentille princesse qu'on voulait voir en moi. j'ai sombré, il est trop tard. je commande une san pellegrino, trop fragile pour oser un café. mes doigts s'agitent sur la table. ils finissent par trouver le paquet de quelqu'un. et je le termine. trop rapidement. je penche la tête, plisse les yeux et grimace. oui, oui. je n'écoute rien, en vérité. je me fiche de tout. je n'arrive même plus à écouter mes quelques amis, qui, attablés autour de moi, se demandent comment je suis devenu une telle masse. je sursaute lorsque l'on pose une assiette César devant moi. mon regard effrayé prévient mes amis que je n'ai définitivement pas la force de manger, d'avaler autre chose que des bulles de mon eau fraîche. je dévie le regard lorsque je les vois baisser les leurs.

tu as écris quelque chose dernièrement ? je relève la tête, me redresse au fond de ma chaise. mordillant mes lèvres d'un rouge écarlate, j'esquisse un sourire étrange. leurs corps se crispant légèrement, leurs regards fuyards, laissent supposer qu'ils ont encore peur que mon cœur soit trop sensible. mais, qu'importe, il est déjà mort ce cœur putride. fièrement, je soulève mon assiette, avancer du bout des doigts la serviette sur laquelle je viens de gribouiller frénétiquement. mélange de notes et de mots perdus.

lasse, fatiguée, amorphe. cette étrange rupture m'aura au moins rendu ma créativité.

d'un geste ample, bizarrement féminin, je me lève. laissant mes talons hauts claquer sur le sol que je devine terriblement froid. tirant sur ma robe noire, je fais mes salutations. prête à repartir me terrer au fin fond de ma chambre.

love song and lullaby

Sotte, tu t'en vas droit au Diable ! Volontiers j'irais avec toi, si cette vitesse effroyable ne me causait pas quelque émoi. Va-t'en donc, toute seule, au Diable ! ec.